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Comment parle « la langue de bébé » aide le bébé à parler.

Votre bébé gazouille et vous en faites autant. Il bouge les petites mains, vous en faites autant. Il s’agit d’interactions quotidiennes naturelles qui contribuent de manière essentielle au développement progressif de votre bébé.

Même de simples échanges stimulent les connexions neuronales qui se forment rapidement dans le cerveau en croissance de votre bébé. Plus l’enfant s’exerce à des sons et à des mouvements nouveaux, peu importe l’intensité, plus ses circuits neuronaux se développeront rapidement et se renforceront. De plus, les recherches démontrent qu’une fois assimilée, chacune des compétences fonde une base sur laquelle s’établit la suivante, ce qui fait qu’à la fin l’enfant possède diverses capacités lui permettant de marcher et de parler.

Apprendre à saisir des objets en les atteignant un à la fois

Une compétence essentielle qui se développe de manière cumulative, par exemple, c’est la capacité de votre bébé à atteindre des objets autour de lui, une compétence essentielle pour explorer son monde physique.

Les premières étapes permettant d’atteindre et de saisir des objets commencent de manière subtile, peu de temps après la naissance, l’enfant faisant des tentatives d’atteindre des objets en étendant l’épaule, le bras et la main en même temps. À ce stade-là, les mouvements du nourrisson sont encore principalement des réflexes innés gouvernés par les cellules nerveuses profondes du tronc cérébral et de la moelle épinière. À mesure que le cerveau de votre bébé gagne en maturité au cours de sa première année de vie, de nouvelles connexions s’établissent rapidement dans le cortex moteur, une bande étroite de neurones qui s’enroule autour du bord extérieur du cerveau d’une oreille à l’autre. La croissance essentielle a lieu en même temps dans les fibres nerveuses, qu’on appelle « système pyramidal », qui partent du cortex moteur pour traverser la moelle épinière et atteindre les neurones qui contrôlent les mouvements dans tout le corps.

Tout ce que la croissance neuronale permet à un enfant de faire, c’est d’avoir des mouvements moins réflexifs et plus volontaires. Cela se traduit par une séquence rapide de gain lorsqu’il saisit des objets. À environ 4 mois, votre nourrisson dépassera probablement l’étape précédant celle où il atteint les objets et réussira à saisir ce bloc ou le hochet se trouvant devant lui. Cette petite victoire est possible parce que le système pyramidal a alors atteint les nerveuses qui contrôlent les bras et les mains. Lorsque votre bébé atteint l’âge de 7 à 12 mois, les connexions neuronales aux poignets et aux doigts sont suffisamment matures pour franchir une nouvelle étape importante : il acquiert alors la pince fine, qui consiste à saisir des objets entre le pouce et l’index.

La vitesse et la précision croissantes des mouvements de votre bébé sont facilitées par la croissance de l’agent isolant, la myéline, le long des fibres pyramidales. Bientôt, il passera maître de la précision, il fera tourner des roues, tirera sur des ficelles et attachera des boutons.

Toutefois, votre bébé en aura encore à apprendre. Des chercheurs au Royaume-Uni et des Pays-Bas ont observé 35 nourrissons âgés de 6 à 20 mois, afin de vérifier comment ils raffinaient les manœuvres leur permettant de saisir des objets. Les bébés les plus jeunes utilisaient principalement les prises de force (préhension entre les coussinets des doigts et la paume des mains). Dans la deuxième année de vie, cependant, les bébés optent plus souvent pour les prises de précision (entre les doigts et le pouce) et utilisent moins de doigts par prise.

Des sons aux mots

De manière semblable à la description des enfants qui saisissent des objets, une fondation plus profonde pour développement du langage est déjà mise en place avant que l’enfant commence à parler. Les bébés naissants possèdent la capacité de distinguer les sons individuels émis par l’être humain, comme les sons B ou g. Le babillage, qui consiste à s’exercer à parler, commence vers les 4 mois, car les circuits neuronaux menant aux muscles permettant la production de paroles autour de la bouche sont à recevoir de la myéline. Toutefois, les nourrissons doivent quand même apprendre à former des mots avec les sons et comprendre la signification de ceux-ci, puis mélanger les syntagmes et les phrases. Les recherches montrent par ailleurs que les voies neuronales sont stimulées par les interactions sociales. Il est donc important de commencer à activer les circuits d’apprentissage du langage de votre bébé le plus tôt possible, simplement en lui parlant.

Fait surprenant, il est véritablement utile de parler la langue de bébé. Les études montrent que les sons chantants exagérés que les parents utilisent intuitivement avec leurs bébés pourraient servir un objectif important. Des chercheurs de l’Université Carnegie Mellon et de l’Université du Wisconsin ont présenté des données montrant que des enfants de 6 à 8 mois étaient en mesure de faire la distinction entre les limites des mots dans un langage mélodique de bébé, mais pas lorsqu’ils entendaient un ton adulte plus neutre. Une étude de l’Université de Washington a montré que plus une mère avait tendance à étirer les voyelles, à la manière du langage de bébé, meilleure était la perception de la parole par le nourrisson.

Les scientifiques tentent toujours de déterminer quelles structures exactes servent à produire la parole. Ce qui semble clair, cependant, c’est qu’il s’agit d’une compétence complexe faisant appel à des connexions robustes dans le cerveau, qui servent notamment à entendre (cortex auditif), à reconnaître les mots (aire de Wernicke) et à transmettre à la bouche des commandes visant à former des mots (aire de Broca). Ainsi, comme pour les circuits neuronaux nécessaires pour atteindre et saisir des objets, ces connexions ne peuvent se développer qu’en présence d’une stimulation et d’une utilisation répétées.

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